L’historien Charles Duhérissier de Gerville, qui visita l’église en octobre 1818, en dit qu’il est porté «à croire qu’aucune église du diocèse de Coutances n’est plus ancienne que celle-ci».
D’après l’appareil des pierres du soubassement de la nef et la trace d’ouvertures pré-romanes, une église antérieure à l’église actuelle a existé au 10e siècle. Surélevée probablement à la fin du 11e siècle, l’église actuelle n’a pas de transept et se termine par une abside en cul-de-four.
En 1107, Raoul de Brucourt, seigneur de Savigny, fait venir des religieux du prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge (Eure) pour l’éducation de ses enfants et pour la desserte de la chapelle seigneuriale.
Selon les inscriptions relevées sur l’un des chapiteaux du chœur, l’église aurait été ornée vers 1128 et est dédiée à Notre-Dame.
En 1165, Geoffroy de Brucourt, donne à la collégiale de Sainte-Barbe-en-Auge, l’église de Savigny et les dîmes de la paroisse, à la condition que l’un des religieux du prieuré de Savigny remplisse les fonctions de curé. La disposition tiendra jusqu’à la Révolution.
La chapelle Nord, dite Chapelle Sainte Barbe, date du 16e siècle (élévation de la tour-clocher et statue de la sainte). À la même époque, on ouvre une fenêtre à ogive et meneau dans le mur méridional, à proximité du chœur.
Le porche sur la façade Ouest a été ajouté au 17e siècle. Y sont gravées les armes des familles Lemaître et Michel (peu lisibles).
En 1693, les deux autels de la nef sont embellis par des retables à colonnes que l’on peu encore voir sur des photographies de 1910.
En 1715, l’adjonction de la sacristie à l’est obstrue la fenêtre axiale de l’abside. Le nouvel autel (en bois) avec retable est reculé vers le fond de l’abside.
En 1770, deux autres fenêtres sont ouvertes dans le mur sud. Le mur nord garde ses petites fenêtres romanes.
Sous la Révolution, l’église sert aux réunions décadaires, au culte de la Raison, et au culte de l’Être Suprême. Savigny étant devenu chef-lieu du canton, l’église servira de « mairie cantonale » jusqu’en l’an VIII.
Au 19e siècle, eurent lieu de nombreux travaux d’agrandissement et «d’embellissement» :
• 1826 : construction de la Grande Chapelle dite «Chapelle aux hommes»
• 1855 et 1856 : l’autel Saint Sébastien est restauré et l’autel Sainte Barbe est « rétabli »
• 1862 : trois nouvelles verrières sont placées aux croisées de la nef
C’est en novembre-décembre 1888 qu’a lieu une découverte capitale qui récompense la curiosité du curé de Savigny, l’abbé Aristide Joubin.
Dans le grenier de la sacristie (inaccessible jusqu’alors), il découvre un superbe Christ en majesté, d’époque romane, à l’arrière de la fenêtre axiale de l’abside. «Sa qualité l’élève très haut au-dessus du reste du décor sculpté» dira Mr Musset.
Peu de temps après, l’abbé Joubin s’enhardit à démonter une planche du retable surmontant le maître-autel. Il va ainsi découvrir des arcades romanes et leurs magnifiques chapiteaux sculptés, datés du 12e siècle. Sous le badigeon, on découvre que trois arcades sont ornées de peintures murales. Elles représentent le martyre de Sainte Barbe, seconde patronne de l’église.
En 1893, des grattages pratiqués dans le mur nord de la nef mettent à jour la Cène (4,30 m x 1,35m).
En 1897, en dégageant le pied de l’autel de Saint Sébastien, est trouvée une statue gothique en pierre de la Vierge qui, restaurée et polychromée, est rendue à la vénération de la paroisse pour le jour de Noël 1898.
En 1899, a lieu une restauration de la chapelle Nord dite Sainte Barbe. Dans le mur est, on dégage une fenêtre murée au 18e siècle et des nouveaux vitraux sont posés sur les croisées.
Le 10 juin 1905, par arrêté du Ministère de l’Instruction Publique, des Beaux-Arts et des Cultes, «les peintures murales de l’abside et de la nef (14e siècle) dans l’église de Savigny sont classées parmi les monuments historique » ; la statue de Sainte Barbe obtient le même classement. Selon Michel Adam, l’historien de Savigny, le Christ en majesté a été, lui, «oublié».
Au cours de la première moitié du 20e siècle, auront lieu surtout des travaux d’entretien jusqu’à ce que les bombardements et des tirs d’artilleries américains abattent le clocher, lequel sera reconstruit en 1946-1947.
De 1949 à 1954, tous les vitraux détruits pendant la guerre sont remplacés, de même qu’est refaite la voûte de la nef (1951).
En 1970, c’est la totalité de l’église qui est inscrite à l’Inventaire Supplémentaire de Monuments Historiques.
En 1994, la foudre d’un violent orage tombe sur le clocher : sa toiture est projetée sur celles de la nef et du chœur et jusqu’au sol près de l’harmonium. L’arc triomphal est abîmé et on verra des fissures apparaître.
En 2008, la réfection d’un contrefort extérieur, de la voûte du chœur et de son arc en anse de panier est l’occasion de débarrasser le chœur de l’église de l’étaiement réalisé en 2005 en attente des travaux.
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