L’extérieur de l’église

2ème étape :

Nous sommes face au mur Nord de l’église.

Arrêtons-nous un peu avant la petite porte ouverte dans le mur de la nef. Ici on distingue dans la maçonnerie les deux périodes de construction de l’église.

De la base du mur jusqu’au dessous des ouvertures romanes, on peut isoler la partie préromane avec sa maçonnerie primitive en « arête de poisson », caractéristique des constructions antérieures au 12ème siècle.

 

 

Les pierres, schistes, grès, sont issues de carrières locales à l’exception du calcaire coquillier aussi appelé tuf ou falun. Il s‘agit d’une pierre de teinte blanchâtre à beige, qu’on trouve ici en abondance comme dans un certain nombre d’édifices du Cotentin bâtis autour de l’an Mil. Ces moellons sont souvent un réemploi de sarcophages mérovingiens.

L’appareillage est originellement lié au mortier de chaux malheureusement ça et là remplacé aux temps modernes par du ciment.

 

En haut de ce mur préroman, sous chaque fenêtre romane, on peut voir la trace du jambage en calcaire coquillier (falun) des ouvertures primitives.

Remarquons les croix qui figurent sur certains jambages (seconde photo). Nous avons certainement sous les yeux un exemple de réemploi de couvercles de sarcophages mérovingiens.

 

Le mur rehaussé sur une hauteur d’environ 1,50m intégrant les ouvertures est terminé, ici comme tout autour de l’église, par une ceinture de modillons.

 

Le modillon est un élément d’architecture sculpté placé sous une corniche ou un avant- toit. Outre leur aspect décoratif, les modillons  avaient pour objectif d’instruire et de catéchiser le peuple analphabète.

Comme on pourra le constater sur tout le pourtour de l’église la créativité des sculpteurs est impressionnante. Il n’y a pas de doublons sur les 48 modillons.

L’inspiration paraît sans limite : ornementations florales ou géométriques, représentations animalières ou monstrueuses aussi bien que des évocations de thèmes religieux, de la vie quotidienne et même des scènes érotiques (que nous vous laisserons le soin de découvrir sur la façade Sud !).

Grâce à Julien Deshayes, éminent spécialiste de l’art roman dans le Cotentin, nous savons que les modillons – et la décoration intérieure romane de l’église de Savigny – ont une facture et des thèmes d’inspiration communs avec ce que l’on rencontre dans nombre d’églises de la région du Plain (région Carentan-Valognes).

Le commanditaire de ce décor, Geoffroy de Brucourt, seigneur de Savigny, avait quelques fiefs dans le Plain. Il a de toute évidence su convaincre  le maître d’œuvre local de faire un déplacement d’une soixantaine de kilomètres pour venir exercer ici son art. Ce thème est aussi abordé lors de la visite de l’intérieur de l’église.

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Avant de continuer notre périple vers l’Est remarquons de droite à gauche :

  • les traces d’un escalier extérieur et d’une ouverture qui menaient autrefois à une tribune située dans la nef,
  • cette petite porte au décor roman qui a en fait été ouverte au 18ème siècle et sculptée au 19ème,
  • la tourelle de l’escalier d’accès au clocher

Contournons maintenant la chapelle Sainte Barbe et le clocher pour une 3ème étape, si vous êtes prêt, bien sûr.