Ses parties préromanes prouvent que l’église de Savigny existait avant l’an mil. Cependant, nul écrit ni trace physique ne laisse présumer quels en étaient alors les desservants et où était leur demeure.
À compter de 1165, l’abbaye de Sainte-Barbe-en-Auge, à qui Geoffroy de Brucourt avait donné l’église, délégua des moines pour la servir. Ceux-ci s’installèrent en un prieuré établi à « La Troudière », à une centaine de mètres au sud de l’église. La « terre d’aumône », allouée au prieuré pour le doter de revenus, s’étendait de la rivière du Pont-Sohier, qui sépare Savigny de Montpinchon, jusqu’à l’église.
On sait qu’en 1266, l’archevêque de Rouen ne s’arrêta pas à Savigny, le prieuré étant trop pauvre et qu’à la fin du XIIIème siècle, seul le prieur-curé était un moine de Sainte-Barbe en Auge. Par la suite, ses auxiliaires n’étaient plus des chanoines mais des membres du clergé séculier. Est-ce à partir de cette époque que la nécessité d’un presbytère se fit sentir ?
Toujours est-il qu’en 1612, le presbytère existait puisque le prieur-curé Dom Romain Langlois fait fondre une cloche dans sa cour.
Le presbytère a bien sûr connu les vicissitudes de la Révolution. Si les terres du prieuré-cure furent vendues comme biens nationaux, la municipalité réussit à conserver le bâtiment, son jardin et un pré y attenant. Le juge de paix y tint ses audiences jusqu’en 1800 pendant que l’église était devenue « la maison commune » du canton.
Après le Concordat de 1801, le presbytère retrouve sa fonction curiale et son histoire se poursuit, rythmée par les réparations et aménagements. En 1954, Savigny n’a plus de curé mais le presbytère reste loué par la nouvelle paroisse jusqu’à ce qu’il soit décidé de le vendre en 1968.
Avant la vente, il est fait un « grand ménage ». On découvre alors que le presbytère a servi de dépôt pour nombre d’objets retirés de l’église lors des modifications de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème. Le nouveau propriétaire du presbytère ne voit pas d’inconvénients à ce que ce matériel reste entreposé dans ce qui devint donc la résidence de vacances d’Alain Phillipe, architecte-décorateur parisien et de sa famille, Son fils Jean-Denys garde un souvenir très vivant des conditions spartiates de ses premières vacances à Savigny : pas d’électricité et pas de moyen de faire la cuisine.
La famille s’est plu à Savigny. Jean-Denys Phillipe, par ailleurs dessinateur de presse, est un artiste à la campagne dans l’atelier de sa maison pas très loin du presbytère. Sa femme Hélène, créatrice et animatrice d’une compagnie théâtrale, a fait profité notre association de son talent lors d’une représentation en 2005 à l’église..
Aujourd’hui Alain Phillipe vend le presbytère et a souhaité que les anciens mobiliers de l’église soient récupérés par la commune. Le déménagement a été opéré et on a pu découvrir ce qui était soigneusement entreposé au grenier ou à l’abri dans une annexe. L’expertise de madame Galbrun, conservatrice du Patrimoine, est à venir mais, quelle qu’en soit la valeur, une partie du passé de l’église est revenue au jour. Que monsieur Alain Phillipe en soit ici remercié et remercié aussi pour le joli dessin du presbytère qui illustre cet article.